News Letter n°2023 - 51 du Samedi 23 décembre

Le Rapport Durable du Père Noël - Premiers Pas

CSRD = Corporate Sustainability Reporting Directive

= Directive sur les rapports de durabilité des entreprises


Père Noël, c'est un métier, une entreprise, à part entière. Une grande entreprise avec des ramifications internationales mais nous allons nous intéresser à un Père Noël présupposé européen, qui emploie plus de 750 lutins. C'est en fait une énorme entreprise de distribution !

Et non, le père Noël ne se déplace pas assis en Amazon sur ses rennes mais bien installé dans son traineau tirés par eux : émissions de gaz à effet de serre très limitées pour ce qui le concerne mais les services de livraison à qui il délègue une partie de ses devoirs ne peuvent pas en dire autant.

Le père Noël, en fait son entreprise (la EPNF - l'Entreprise du Père Noël Fictive) doit donc préparer son Rapport Durable. Quels sont les premiers travaux entrepris ?

NB : vous l’aurez compris, si vous êtes déjà un spécialiste de la RSE ou une grande entreprise, cet article n’est pas pour vous. Cet article est destiné aux ME (microentrepreneur effectif de moins de 10 personnes) et aux TPE/PME (effectif de moins de 250 personnes), non concernées (pour l’instant) a priori par la CSRD, sauf si donneurs d’ordres et autres parties prenantes les interrogent sur leurs propres indicateurs. Mais, cela peut servir de source d’inspiration, je l'espère ! Je vous laisse juge.


Voyons :

  • L'organisation générale de l'Entreprise du Père Noël
  • La Liste des activités de l'entreprise
  • Les chaînes de valeur de l'Entreprise du Père Noël
  • Les Impacts, Risques et Opportunités
  • Les Parties Prenantes
  • Le Dialogue avec les parties prenantes
  • La suite des travaux ... le 6 janvier

L'organisation générale de l'Entreprise du Père Noël

L'entreprise du Père Noël Fictive (EPNF) est donc une gigantesque entreprise de distribution qui a choisi de se focaliser sur la période des fêtes de fin d'année.

Elle élargit, malgré tout, ses activités sur d'autres fêtes symboliques tout en restant focus sur l'idée du cadeau.

L'EPNF (Entreprise du Père Noël Fictive) ne fabrique aucun des produits commercialisés.

Aujourd'hui,

> Elle ne commercialise pas de produits vivants (animaux ou plantes).

> Elle ne commercialise pas de produits alimentaires sauf s'ils rentrent dans la catégorie "cadeaux" (vins, chocolats, épicerie fine(huiles, thés, café ...) ...) et à la DDM (Date de durabilité minimale) ou à la DLC (date limite de consommation) longue.

> Elle ne commercialise pas de matériel électronique (téléphone, ordinateurs et autres tablettes)


L'EPNF non cotée ne produit pas de Déclaration de Performance extra-financière mais est assez avancée dans sa démarche RSE.

Elle a en son sein une responsable de la RSE à laquelle vient de s'adjoindre un responsable du Rapport Durable. Ils forment un trio, avec le directeur financier (et oui ! même le père noël compte), qui se parle beaucoup.

Tous trois rendent compte aux OADS (organes d'administration, de direction et de surveillance) de l'EPNF (Entreprise du Père Noël Fictive).


Dans le cadre du futur rapport durable, l'EPNF dispose donc :

  • d'un pilote opérationnel (l'adjoint de la RSE) mais le véritable pilote est le trio en question
  • d'ambassadeurs désignés

Tous ont suivis les formations appropriées, et connaissent la structure et les attendus des Normes ESRS.

La Liste des activités de l'entreprise

En apparence, l'EPNF a une seule activité : distribuer des cadeaux. Pour affiner les analyses, les produits distribués sont ventilés en plusieurs branches :

  • Jouets (bien sûr !) - 25 % de l'activité
  • Livres - 20 % de l'activité
  • Jeux (jeux de sociétés ...) - 12% de l'activité
  • Numérique (films, autres vidéos et jeux vidéo, CD) - 15 % de l'activité
  • Maroquinerie - 12 % de l'activité
  • Maison (décoration, vaisselle, linge, petits objets (bougies...)) - 15 % de l'activité

Un début de réponse à l'exigence SBM 1 - Stratégie, modèle d’affaires et chaîne de valeur, § 40-4.

Les chaînes de valeur

Chaque activité est considérée comme ayant sa propre chaine de valeur

  • en amont les fournisseurs sont différents
  • en amont les systèmes de livraison sont différents
  • en interne, les modes de stockages sont variables
  • en interne, les systèmes d'emballage peuvent être dissociés
  • en aval, les systèmes de livraisons sont communs
  • les consommateurs finaux sont ou des particuliers ou des entreprises mais l'usager final est toujours un particulier
  • le service après-vente est commun pour l'accueil des clients mais subdivisé ensuite par activité
  • un service "fin de vie des produits" vient d'être mis en place et est en bêta-test sur ces fêtes de fin d'année 2023.


Le trio (Directrice RSE, Responsable Rapport Durable et Directeur Financier) a procédé à une première description de ses chaînes de valeur et leurs relations avec l'entreprise (principaux fournisseurs, clients, canaux de distribution et utilisateurs finaux).


La description fournit une première vue d’ensemble des principales caractéristiques des entités des différentes chaînes de valeur en amont et en aval, indique leur contribution relative à la performance et à la position de l’entreprise et explique comment elles contribuent à la création de valeur de l’entreprise du moins en un premier état des connaissances disponibles au sein de l'EPNF en ce mois de décembre.


Une première approche pour recueillir, élaborer et obtenir les contributions de la chaîne de valeur à cette performance et création de valeur est élaborée.

Un début de réponse à l'exigence SBM 1 - Stratégie, modèle d’affaires et chaîne de valeur, § 42-a et c. et annexe AR14 et AR15. de l'ESRS 2

Les Impacts, risques et opportunités

Selon la Norme ESRS E2, l'entreprise doit :

  • décrire le processus d’identification et d’évaluation des IRO (impacts, risques et opportunités) significatifs
  • expliquer les exigences en matière de publication qui sont incluses dans la déclaration de durabilité.

Un début de réponse aux exigences IRO1 & IRO 2 § 50 à 59 – Gestion des Impacts, risques et opportunités de l'ESRS 2.


Cette identification des "I.R.O." sera menée en tenant compte des intérêts et des points de vue des parties prenantes.

Un début de réponse à l'exigence SBM 2 § 43 à 45 – Gestion des Impacts, risques et opportunités de l'ESRS 2.


Avant d'aller plus loin, la consultation des parties prenantes est organisée.

Les parties prenantes

Fort de cette première analyse des chaînes de valeur, notre trio prépare la liste de ses parties prenantes et hiérarchise celle-ci en niveau d'importance.

Il s'agit de recueillir le point de vue des PP ainsi que leurs intérêts, sans préjugés.

Le trio réalise alors qu'ils ne s'étaient que peu interrogés sur les ressources utilisées par les fournisseurs, sur la provenance des matières premières ou les conditions de travail des ouvriers, en dehors des cas un peu trop "voyants".

De plus, les conditions d'installation des sous-traitants sont en général mal connues : sont-ils situés dans des zones soumises aux aléas climatiques (une classification de ces aléas est présentée dans l'annexe de l'ESRS 2 AR11-d) ?


A partir de cela, le pilote du projet élabore un questionnaire, basé d'une part sur la liste des questions de durabilité couvertes dans les diverses ESRS et présentée en annexe de l'ESRS E1 au paragraphe AR16 et d'autre part, les 1178 points de données mais réadapté à chacune des chaînes de valeur, y compris les process.

Le questionnaire ne sera pas trop compliqué pour les fournisseurs qui utilisent déjà la norme ISO 9001 (qualité), ISO 14 000 (management environnemental, y compris les questions de l'eau), ISO 14040 et 14 044, ISO 50001 (management de l'énergie).

Les fournisseurs directs sont encouragés à interroger leurs propres sous-traitants.

Une hotline est prévue pour aider les parties prenantes à compléter leurs questionnaires.

Les réponses sont saisies dans l'outil dont s'est doté l'EPNF.

Voir ESRS 1 -3.2 - §27 et annexe § AR16


Dialogues avec les parties prenantes

A l'évidence, d'autant qu'elle ne fabrique aucun des produits vendus, l'EPNF importe des impacts (négatifs) en provenance des fournisseurs mais aussi des livreurs, principaux partenaires des chaînes de valeur aval.

Il est clair, qu'en dehors des injonctions plus ou moins fortes des normes ESRS, la direction de l'entreprise, en fait donc, le père Noël, veut réellement que celui-ci devienne vert, ce qui va impliquer le modifier profondément les gammes de produits offerts.


Il s'agit-il alors de changer de fournisseurs ou aux fournisseurs de changer.

L'EPNF pense que les accompagner dans leur transformation permettra de travailler en un cercle vertueux, bénéfique pour tout le monde : apporter de la joie en distribuant des cadeaux doit rester cohérent avec toute la chaîne qui permet cette distribution.

L'OADS acte donc le fait d'accompagner les sous-traitants dans leur transformation, quand elle s'avère nécessaire, pour obtenir les résultats souhaités. Une cellule de coordination est mise en place qui sera animée, en plus de ses autres fonctions par le pilote du Rapport Durable.

Le pilote prépare, en ce sens, en attendant le retour et les résultats des questionnaires, le contenu des futurs échanges :

  • Exposés des exigences de durabilité de l'EPNF
  • Présentation des attendus de la part des fournisseurs
  • Expression des difficultés des fournisseurs et partenaires
  • Exposé des besoins (analyse de cycle de vie, écoconception des produits nouveaux ou remplacés, recherche de nouvelles ressources, relocalisation, investissements, reconversion des employés, formations) des fournisseurs
  • Risques et opportunités financières pour les 2 parties.

C'est une première ébauche, la liste des points d'étude sera revue avec la réception des questionnaires et après les premiers échanges ; principe de base : l'agilité.


Un coach facilitateur, chargé de favoriser l'aboutissement des négociations, aidera les groupes qui seront constitués, à comprendre leurs objectifs communs.


Il s'agit de créer là de véritables partenariats, à la façon de l'ODD 17.



Toute cette approche est un début de réponse à l'exigence SBM 2 – Intérêts et points de vue des parties prenantes § 43 à 45 de l'ESRS 2.

et une réponse à la question des impacts ou des risques importants découlant d’actions menées pour traiter les questions de durabilité (ESRS 1-§3.6)

La suite des travaux

Le réveillon approchant, l'équipe décide de poser le dossier jusqu'au 6 janvier (autre journée de cadeaux avec l'épiphanie).

Seront vues les questions :

  • des impacts (importés et exportés) et leur importance relative (dans quelle mesure ils sont significatifs et donc doivent être pris en compte (ESRS 1-§3.4))
  • des risques financiers et opportunités financières et leur importance relative (dans quelle mesure ils sont significatifs et donc doivent être pris en compte (ESRS 1-§3.5)
  • les impacts ou les risques importants découlant d’actions menées pour traiter les questions de durabilité (ESRS 1-§3.6)
  • le devoir de vigilance (ESRS 1-§4)

Tout cela aboutira à une synthèse sur laquelle sera construite le Rapport Durable : La matrice de matérialité.

L'EFRAG, ayant (re)publié, avec possibilité de donner son avis, ce vendredi 22 décembre, 3 guides (Matérialité, Chaînes de valeur et Liste des points de données), ils seront heureusement mis à profit dans tout cet exercice de préparation.

On verra cela le 6 janvier prochain !

à suivre ...

Une fois, les premières analyses réalisées, l'entreprise va donc en préparer la synthèse. Elle disposera de sa matrice de matérialité telle qu'exigée par les normes ESRS, sorte de feuille de route pour traiter ses IRO les plus importants et préparer ses plans d'adaptation (Politiques, Actions, Objectifs, Indicateurs).


La carte n'est pas encore établie mais des axes majeurs se font jour :

  • L'utilisation du plastique (jouets, décoration, numérique : le plastique est partout)
  • Les emballages
  • La suppression des questions de livraison sur le dernier kilomètre (livraisons aux particuliers en porte à porte) au profit de réseaux locaux centralisés
  • Le rapatriement des productions sur l'Europe (avec entre-autre les questions de fret maritime évité) avant 2030
  • L'accompagnement des fournisseurs dans leur transformation mais aussi en aval des livreurs
  • La mise en place des filières de réemploi, réutilisation, réparation
  • La formation de réparateurs
  • L'intégration d'une baisse de la consommation
  • D'autres ...

à bientôt dans un prochain post : pour en savoir plus, continuer à se former, échanger les bonnes pratiques et changer nos habitudes.


Transition écologique signifie avant tout Transformation des modes de vie.


Bonne semaine !


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