La News Letter n° 52 du Samedi 31 Décembre

J’habite une petite ville, depuis 2020, depuis 30 ans maintenant. C’est une ville à la campagne, de presque 9000 habitants maintenant, restée très rurale bien que l’entrée de l’autoroute soit à moins de 10 kilomètres et que nous disposions à cet endroit d’une gare TGV.

Le paysage a bien changé entre 2020 et 2050, puisque suite à la construction de cette gare en 1994 au milieu des champs de betteraves et de pommes de terre, se sont installés des entrepôts innombrables, reliés à partir de 2030 au canal Seine-Nord-Europe. Ce canal à grand gabarit relie la Seine à l’Escaut (l’Escaut se jette dans la Mer du Nord à Anvers). Cela a à peine allégé la noria de camions qui circule sur l’autoroute A1.

Cependant, ma petite ville a préservé, au milieu de ses étangs et de ses marais, sa tranquillité.

La commune s’est décidée, mais cela a pris du temps, à engager une démarche de développement durable à partir de 2025.

Des choses avaient déjà été faites, et notamment la pose de panneaux photovoltaïques sur les toits du vieux château médiéval, seulement visibles vus du ciel, et sur les toits de certains logements sociaux.

En 2027, des habitants de la commune ont décidés de créer une société pour équiper de panneaux solaires les toitures de bâtiments publics, dont l'église, les salles de sport, le théâtre.

L’éclairage public a été équipé de détecteurs de mouvement : de 21 h à 7h du matin, si personne ne sort ( !), il fait noir dans la ville, qui n’émet ainsi aucune pollution lumineuse.

La ville est peu à peu devenue autonome en énergie électrique.

Une ancienne voie de chemin de fer qui reliait autrefois la ville et une autre, située de l'autre côté de la gare TGV, a été préservée dans le but de désservir le "nouveau port intérieur" de la ville relié au canal. (important pour les produits agricoles).

En 2025, quelques aménagements supplémentaires ont alors été décidés pour permettre de relier la ville par le train aux plus "grandes villes" de la région, pour le transport des voyageurs.

5 kilomètres de voies ferrés supplémentaires ont ainsi été construites et une jolie gare a vu le jour à l'entrée de la ville en direction de la zone commerciale.

La gare a été inaugurée en 2032 : quels changements ! la voiture, absolue nécessité dans cette zone rurale un peu perdue, est devenue quasiment inutile.

Nous sommes, mais j'avoue que c'est un grand luxe, propriétaire, dans notre béguinage (nous sommes 9 ou 10 membres résidents en moyenne) de 2 véhicules de petit gabarit, que nous nous partageons sans presque de heurts.

Seule consigne, celui qui utilise et ramène le véhicule à la maison, doit, avant de franchir le seuil, brancher le système de recharge, sous peine de recueillir l'opprobre de tous les co-habitants.

Il est même question désormais de supprimer un des deux véhicules, ou ce qui laisserait plus de souplesse, d'élargir le cercle des utilisateurs à l'ensemble des habitants de notre petite rue. On y réfléchit !

Toute la ville a suivit ces nouvelles possibilités d'organisation : il s'en est suivi d'autres conséquences positives presque inattendues :

> une grande fluidité de circulation

> une qualité de l'air respiré, allez, j'ose le dire, qui énergise

> et le bruit : presque plus de bruit, on entend à nouveau les oiseaux chanter !

Les mécaniciens des anciens garages sont presque tous reconvertis en réparateur d'objets les plus divers.

Les déchets ont considérablement diminués : on a mis plus de 15 ans pour éradiquer le plastique : bouteilles d’eau, jouets, emballages en tout genre.

Ce qui a été le plus long, et quelque part nous a freiné : vider les stocks ! Une incroyable accumulation de "pour au cas où", de "bonnes affaires", de "fonds de tiroir", presque 5 ans pour en venir à bout !

Un autre point nous a freiné : les bouteilles d'eau.

L'eau potable ici est extrêmement calcaire : preuve en est dans ma bouilloire électrique ou sur les parois de la douche. La boire n'est pas franchement recommandée.

Nous avons mis longtemps pour trouver une solution satisfaisante pour notre santé : entre bouteille d'eau minérale en verre consignée, recherche en laboratoire pour trouver les filtres adéquats, échanges avec les services de l'eau, mais depuis une dizaine d'années maintenant, le résultat est satisfaisant.

Nos déchets de jardin et de cuisine nous permettent de fabriquer notre compost.

Nos poubelles ne sont pas tout à fait vides mais il reste désormais vraiment très peu de chose.

Les habitations, et les bâtiments en général, sont désormais à haute performance énergétique.

Ou bien construits directement en respectant ces normes, les logements sociaux sont tous écoconstruits.

Ou bien ils ont tous été rénovés (un gros travail sur l'isolation et sur les modes de chauffage). Le chantier a duré plus de 25 ans et n'est pas encore tout à fait terminé.

Mais bon, plus personne ne veut loger dans des passoires thermiques en 2050.

En plus du travail sur l'éclairage, comme on l'a vu plus haut, des capteurs connectés ont été déployés dans les bâtiments communaux, ce qui permet de connaitre en temps réel leur consommation. Les données sont analysées et l'énergie déployée peut ainsi être ajustée.

Les comportements inadaptés sont vites repérés et corrigés.

L'impact de toutes ces nouvelles organisation sur les factures de gaz et de pétrole est colossal !

Mais aussi sur les factures des consommateurs : les logements privés sont quasiment tous autonomes en énergie.

A noter, toutes les habitations sont désormais entièrement rénovées. La ville dans les années 2020 comportaient un parc de 500 maisons vacantes. Mais depuis l'arrivée des hollandais à la fin des années 2030 et au début des années 2040, qui ont fuit les Pays-Bas, suites aux inondations à répétition, toutes les maisons ont été rachetées et réhabilitées.

La gestion de l'eau a demandé plus d'effort.

La récupération des eaux grises pour une utilisation dans les chasses d'eau, et en corolaire l'interdiction d'utiliser le l'eau potable pour les toilettes, a pris 25 ans avant d'être vraiment admise .

Mais quels gains : pas loin de 40 % des eaux potables à usage domestique économisées !

J'ai profité de travaux dans la maison en 2040 pour faire installer une petite citerne de 100 litres pour la récupération des eaux et le filtre qui permet de récupérer les quelques matières à la sortie du lavabo ou de la douche (cheveux ...).

On n'arrose plus son jardin entre Juin et Octobre depuis une loi du 25 juin 2036 sauf si c'est de l'eau de pluie puisée dans un récupérateur. Nous en avons installé 3 dans notre potager et un supplémentaire pour arroser nos pelouses.

Je suis très fière de nos pelouses bien vertes : du vrai vert, de la chlorophylle, pas de la peinture comme en Californie !

Il est aussi interdit de remplir les piscines pendant ces mêmes dates et les eaux doivent impérativement suivre des circuits de récupération particuliers qui servent aux services de nettoyage de la ville.

Inutile de vous dire que le marché des piscines, encore florissant dans les années 2010 et même 2020, s'est quelque peu effondré !

Nous avons donc, vous l'aurez compris un potager :

compost, eau de pluie ...

Nous entretenons ce potager à plusieurs, c'est plus drôle, et cela nous permet d'échanger nos surplus et d'avoir plus de variétés, plus de choix.

Nous sommes quasiment autonomes sur les légumes, les fraises, les pommes et les poires.

Nos bananes viennent des Antilles mais elles sont transportés par bateau "à voile" (en fait tracté par cerf-volant). https://beyond-the-sea.com/

J'aime cuisiner : tout est toujours frais !

C'est aussi une des raisons pour lesquelles nous avons peu de déchets finaux : nous n'achetons aucun plat préparé et cuisinons tout nous même.

D'ailleurs, on ne trouve presque plus de plats préparés dans le commerce : l'industrie a dû véritablement se réformer depuis la loi sur la santé de 2042 qui a définitivement interdit les additifs alimentaires et notamment les sulfites.

Voilà une première proposition:

Une vie sereine, dans le présent, au fil des saisons.

Je lis et j'écris beaucoup.

Les dictateurs des années 2020 ont disparus,

Les pays en développement sont maintenant développés mais les tensions sont toujours là.

La paix reste fragile.