La News Letter n°2023 - 08 du Samedi 25 Février

ILs compostent ! Vous compostez ? Je composte.

1/3 du contenu de la poubelle résiduelle des Français sont des déchets alimentaires, alors que ces biodéchets peuvent être valorisés en biogaz utilisé localement pour le chauffage urbain, ou en compost pour les filières agricoles.

Voyons cela :

1. Comment se met en place sur presque 15 ans cette récupération et valorisation des biodéchets ?

2. Qu’est ce qu’un biodéchet et qui les produit ?

3. Que nous dit l’article 541-21-1 du code de l’environnement ?

4. La part des Biodéchets

5. Récupérer les biodéchets

6. Qu’est ce que l’on met dans son sac compostable de déchets alimentaires ?

7. Collecter les Biodéchets

8. Et si on faisait des composteurs de ville ou même de jardin, un joli « meuble » utile et fleuri ?

9. Maitre –Composteur : métier d’aujourd’hui, plein de sens

10. Pour aller plus loin

NB : vous l’aurez compris, si vous êtes déjà un spécialiste de la RSE ou une grande entreprise, cet article n’est pas pour vous. Cet article est destiné aux ME (microentrepreneur effectif de moins de 10 personnes) et aux TPE/PME (effectif de moins de 250 personnes), non concernées (pour l’instant) a priori par la CSRD, sauf si donneurs d’ordres et autres parties prenantes les interrogent sur leurs propres indicateurs. Mais, cela peut servir de source d’inspiration, je l'espère ! Je vous laisse juge.


Comment se met en place sur presque 15 ans cette récupération et valorisation des biodéchets

La loi Grenelle II (article 204) de 2010 et la Directive-Cadre européenne sur les déchets (article 22) du 19 novembre 2008, ont amorcé la mise en place du tri à la source des déchets organiques.


En 2015, la loi de transition énergétique et pour la croissance verte (LTECV) prévoit la généralisation du tri à la source des biodéchets d’ici 2025.


En 2020, la loi AGEC, dont j’ai déjà parlé plusieurs fois sur ce blog (post n°2022-01, n°2022-25, n°2022-26) se décline en 5 grands axes :

  • sortir du plastique jetable
  • mieux informer les consommateurs
  • lutter contre le gaspillage et pour le réemploi solidaire
  • agir contre l’obsolescence programmée
  • mieux produire.


Dans le cade de la lutte contre le gaspillage, la loi prévoit un volet « Valorisation des biodéchets »

"La loi prévoit d'apporter à tous les Français une solution de collecte des restes alimentaires pour valoriser leurs biodéchets en biogaz ou en compost utile pour l’économie circulaire des territoires.

Afin de mettre en place le tri à la source des déchets alimentaires des particuliers dans toute la France d’ici le 1er janvier 2024, chaque collectivité doit étudier et identifier les solutions les plus pertinentes pour trier les déchets alimentaires à la source et s’assurer que ceux-ci pourront être valorisés et non mis en décharge". https://www.ecologie.gouv.fr/loi-anti-gaspillage-economie-circulaire


Le code de l’environnement est ainsi modifié.

Qu’est ce qu’un biodéchet et qui les produit ?

Le Biodéchet est définit dans l’article L. 541-1-1 du code de l’environnement : "Les déchets non dangereux biodégradables de jardin ou de parc, les déchets alimentaires ou de cuisine provenant

  • des ménages,
  • des bureaux,
  • des restaurants,
  • du commerce de gros,
  • des cantines,
  • des traiteurs ou
  • des magasins de vente au détail,
  • ainsi que les déchets comparables provenant des usines de transformation de denrées alimentaires."

Que nous dit l’article 541-21-1 du code de l’environnement ?

« I.-Les personnes qui produisent ou détiennent des quantités importantes de déchets composés majoritairement de biodéchets sont tenues de mettre en place un tri à la source de ces biodéchets et :

  • soit une valorisation sur place ;
  • soit une collecte séparée des biodéchets pour en permettre la valorisation et, notamment, favoriser un usage au sol de qualité élevée".
  • (....)

Au plus tard le 31 décembre 2023, cette obligation s'applique à tous les producteurs ou détenteurs de biodéchets, y compris aux collectivités territoriales dans le cadre du service public de gestion des déchets et aux établissements privés et publics qui génèrent des biodéchets.

Qu'est ce qu'une collectivité territoriale ?


Une collectivité territoriale est une autorité publique distincte de l'État, qui ne dispose que de compétences administratives.

Chaque collectivité est dotée d’un exécutif et d’une assemblée délibérante élue au suffrage universel. Elle exerce librement ses prérogatives en complément de l’action de l’État.

Il y existe 3 types de collectivités territoriales avec chacune des compétences qui leur sont propres :

  • Les communes
  • Les départements
  • Les régions
  • Certaines collectivités peuvent avoir des statuts particuliers (Paris, La métropole de Lyon, la Corse, la Nouvelle-Calédonie, les collectivités d'outre-mer)
  • Entre dans les compétences des communes : la gestion des écoles maternelles et élémentaires, l'urbanisme, le logement et l'environnement.
  • Entre dans les compétences des départements : la gestion des collèges et l'action sociale.
  • Entre dans les compétences des régions : la gestion des lycées, le développement économique, les transports non urbains, l'aménagement du territoire, la formation professionnelle, la gestion des fonds européens.

Aucune collectivité territoriale ne peut exercer une tutelle sur une autre. Cependant, lorsque le concours de plusieurs collectivités territoriales est nécessaire, la loi peut les autoriser à organiser les modalités de leur action commune, qui s'exercera au sein "d'établissements publics de coopération intercommunale (EPCI). les différentes catégories d'EPCI sont les suivantes :

  • les syndicats de communes
  • les communautés de communes
  • les communautés urbaines
  • les communautés d’agglomération
  • les métropoles.

Il existe en plus une autre instance : la commission départementale de la coopération intercommunale (CDCI) dont les missions sont d'établir et tenir à jour un état de la coopération intercommunale dans le département.

Elle peut formuler toute proposition tendant à renforcer la coopération intercommunale. Elle est consultée par le préfet, notamment sur tout projet :

> de création, de modification de périmètre ou de fusion d'EPCI ;

> de création d'un syndicat mixte.


Quelles sont les attributions de la communauté de communes ?


Question fort intéressante pour notre sujet :

La communauté de communes exerce de plein droit en lieu et place des communes membres les compétences dans les domaines suivants :

  • aménagement de l'espace pour la conduite d'actions d'intérêt communautaire
  • actions de développement économique
  • gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations
  • création, aménagement, entretien et gestion des aires d'accueil des gens du voyage et des terrains familiaux locatifs
  • collecte et traitement des déchets des ménages
  • assainissement des eaux usées
  • eau.

Mais aussi :

  • protection et mise en valeur de l'environnement
  • politique du logement et du cadre de vie
  • politique de la ville (notamment l'élaboration du diagnostic du territoire et définition des orientations du contrat de ville)
  • création, aménagement et entretien de la voirie
  • construction, entretien et fonctionnement d'équipements culturels, sportifs de l'enseignement préélémentaire et élémentaire
  • action sociale
  • participation à une convention France Services.

C'est dire son importance en matière d'environnement et des décisions liées.


La communauté de communes est donc en charge de la collecte et du traitement des déchets des ménages. Par cette collecte, elle est détentrice de biodéchets et doit respecter l’article 541-21-1 du code de l’environnement.

Elle est alors tenue de mettre en place un tri à la source de ces biodéchets, c'est à dire, et il n'y a pas d'autre possibilité, demander aux ménages de trier dans des contenants distincts les biodéchets. Il lui revient d'aider au compostage de ces matières ou d'en organiser le ramassage/la collecte à la "source" pour ensuite procéder au traitement approprié (compostage collectif et méthanisation).

La part des Biodéchets

L’ADEME évalue la part des déchets « putrescibles » à 32 % des ordures ménagères non recyclables.

70% des déchets organiques aujourd’hui sont traités de la même manière que les déchets non recyclables, c'est-à-dire qu’ils sont enfouis ou incinérés : double peine quand on pense à la pollution engendrée (gaz à effet de serre, pollution des sols et de l’eau, pollution visuelle …) et à la perte de ressources utiles (Compost, Energie (gaz méthane))

Récupérer les biodéchets

Les collectivités territoriales sont donc chargées de récupérer auprès de leurs administrés les déchets ménagers triés.


Certaines communes ou communautés de communes proposent des composteurs à installer au jardin (400 litres ou 600 litres – 1 m² au sol) – excellente formule en milieu rural.


Certaines villes proposent un bac de compostage individuel (un bio-sceau) d’environ 7 litres et les rouleaux de sacs biodégradables qui permettent de vider sa poubelle de déchets alimentaires dans la poubelle marron de l’immeuble. Le ramassage de ces poubelles marron fait l’objet d’un circuit particulier.


7 litres ou 9 litres est une bonne taille : suffisamment grand pour supporter les épluchures de salade, souvent un peu volumineuses, et pas trop pour s’obliger à le vider dans la poubelle marron ou le composteur du jardin tous les 2 jours, sans subir les inconvénients d’un début de dégradation.


Voilà ce que propose la ville de Paris dans 3 arrondissements pilotes :


Les sacs de déchets alimentaires peuvent aussi être apportés dans des bacs ou des bornes disponibles sur la plupart des marchés alimentaires parisiens.


Au bureau


Au bureau, les mêmes méthodes seront appliquées : le trognon de la pomme de 4h ou le marc de café ou les restes d’un pot de départ ou d’anniversaire n’ont rien à faire dans la poubelle à papiers.



Composteurs collectifs


Certaines communes mettent en place des composteurs collectifs en pied d’immeuble, le compost pourra être utilisés par les habitants sur leurs balcon, ou dans des jardins partagés ou dans les jardins publics.


Qu’est-ce que l’on met dans son sac compostable de déchets alimentaires ?

  • Les préparations de repas : épluchures de légumes, de fruits, coquilles d’œuf,
  • Les produits de fin de repas : les sachets de thé en papier (attention, on en trouve encore en plastique) et sans agrafe, les filtres à café et les serviettes de table en papier…
  • Les restes de repas : tous les restes de légumes, de fruits, les salades, avec ou sans sauce, les pommes de terre, pâtes, riz, les coquillages et crustacés (coquilles d’huîtres, de moules…), les restes de fromage, de pain, de pâtisserie…
  • Les produits alimentaires périmés, débarrassés de leurs emballages.
  • Les mouchoirs en papier et essuie-tout, le papier journal

On évitera dans un compost de jardin les restes de viande, de charcuterie, de poisson qui pourront être évacués dans un sac biodégradable et déposés dans la poubelle marron.


Certaines épluchures sont plus lentes à se décomposer, les couper en petits morceaux est préférable : (banane, agrume), il en est de même pour les gros noyaux : pêches, abricots et avocats, ou les coques des fruits à coque (amandes, noix et noisettes : plus simplement, ils iront rejoindre les restes de viande et de poissons et les os.


Certains autres produits peuvent aussi être compostés : les cheveux, les poils des animaux, les fonds de bouteilles d’alcool ou de vin, le contenu de votre aspirateur si il ne contient que de la poussière, les cendres de votre cheminée (en quantité limitée sous peine d’étouffer votre compost). Les cendres sont refusées dans les bacs marrons.


Collecter les Biodéchets

Les collectivités organisent de mieux en mieux la récupération des biodéchets .

Certaines collectivités proposent des collectes séparées.


Le site http://biodechets.org/les-villes-trient-biodechets/propose une très intéressante carte des villes qui trient les biodéchets, malheureusement en panne !


Le réseau CompostPlus http://www.compostplus.org/les-membres/#cartographieprésente luis aussi la carte de ses implantations.


Mais on est loin du compte à 10 mois de l'échéance !


Une initiative, que je trouve fort avantageuse (économies sur le ramassage, création de lien social, sous produits comme le compost) et sympathique, pourrait résoudre en partie cette question : installer des composteurs communs un peu partout dans les villes et les villages, comme on installe d'autres mobiliers urbains.


Et si on faisait des composteurs de ville ou même de jardin, un joli « meuble » utile et fleuri ?

C’est l’idée qu’ont eu deux jeunes ingénieurs : Paul Marchisio et Gautier Forgerit en créant CAETERRA https://www.caeterra.com.


Caeterra propose des composteurs en ville pour aider tout un chacun à composter ses biodéchets



Leur métier consiste à fabriquer, livrer, installer et ancrer au sol leurs composteurs collectifs sur le lieu d’implantation choisi.

Ces composteurs peuvent s’installer partout : au pied d’un immeuble, pour agrémenter une petite place ou un carrefour, dans un jardin partagé : au-delà d’être utile, ils contribuent à embellir la ville.


Le bloc central est le composteur lui même conçu pour un entretien facilité mais en même temps rendu plus efficace. Le compost produit permet d’alimenter les bacs fleuris adjacents ou amender la terre des jardins.


Mais nos deux amis et leur équipe veulent aller plus loin et proposent des prestations d’accompagnement à la carte :


  • La mise en place d’un collectif autour des produits afin de créer une vraie dynamique sociale.
  • Des journées de formation au compostage et à la permaculture grâce à des intervenants experts ( maître composteur, permaculteur …).
  • Une mise en réseau avec des associations locales.
  • Des séances de questions/réponses et des webinaires mensuels.
  • Une bibliothèque de tutoriels visant à apprendre les bonnes pratiques liées à nos produits spécifiquement, mais aussi au compostage et à la permaculture en général.
  • Un accès illimité à leur forum où nos experts pourront répondre aux questions des utilisateurs.


Un excellent moyen, pour une collectivité territoriale de répondre à la loi AGEC et à l’article 541-21-1 du code de l’environnement.

Et pour cette même collectivité territoriale, mais aussi pour une entreprise, de réponde à la question centrale n°7 de la Norme ISO 26000 qui sous-tend toute démarche RSE :

La question centrale n°7 porte sur les questions relatives aux communautés et développement local : La Norme préconise de prendre en compte les besoins de la société (de la ville, du territoire) et d’y répondre : éducation, culture, sport, formation, caritatif, bref de créer du lien social. Il s’agit de créer de l’engagement sur la base de valeurs humaines.

Les composteurs-jardins de Caeterra sont un très bel outil, concret, et un joli et fort utile prétexte pour répondre à tous ces objectifs.

Tout est expliqué sur leur site et dans leur plaquette commerciale


https://www.caeterra.com


Je leur souhaite plein de succès.


Maitre –Composteur : métier d’aujourd’hui, plein de sens

Pas très facile de changer tous nos réflexes que ce soit individuellement ou collectivement !

Etre informé et formé est une nécessité : un nouveau métier a vu le jour : le Maître-Composteur.


le Maître-Composteur doit faire face aux 2 challenges complémentaires que sont la lutte contre le gaspillage alimentaire et le recyclage des biodéchets.

Voici, selon l'ADEME, ses 5 grandes fonctions :

  • Il pilote des projets et des opérations de Prévention-Gestion de proximité des biodéchets sur le territoire
  • Il mobilise et accompagne des relais de terrain
  • Il informe et sensibilise les différents publics
  • Il anime des opérations de Prévention-Gestion domestique des biodéchets sur le territoire
  • Il anime des opérations de prévention-gestion partagée (semi-collective) et autonome en établissement des biodéchets sur le territoire

Le maitre-composteur pourrait aussi être appelé : animateur ou de chargé de mission de prévention des déchets, chargé de mission compostage. Un acteur indispensable pour faciliter et accélérer la transition.


Pour aller plus loin

L’objectif premier de cette nouvelle organisation est bien de réduire les quantités de déchets produites, et l’augmentation du taux de recyclage à 65 % en 2025 (article L. 541-1 code de l’environnement).

Mais le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas !

C’est pour cela qu’il y a un lien fort entre lutte contre le gaspillage alimentaire et tri des déchets.


Il y a encore beaucoup de travail malgré les délais prévus par la loi : on est loin du compte et les collectivités territoriales ont bien du retard ! Communiquez sur les nouvelles exigences de tri est impératif et va bien au delà de mettre des composteurs gratuits (ce qui est déjà formidable en soi) mais ne convient pas au mode de vie de tout le monde. Il reste quelques mois pour fournir en plus des sacs jaunes ou bleus, des sacs dégradables "spécial bio-déchets" et organiser les collectes spécifiques.


N’hésitez pas à suivre du 25 mars au 9 avril 202, la semaine « Tous au compost » qui en est à sa 10ème édition ! https://tousaucompost.fr/ : c’est dans un mois tout juste !



à bientôt dans un prochain post : pour en savoir plus, continuer à se former, échanger les bonnes pratiques et changer nos habitudes.


Transition écologique signifie avant tout Transformation des modes de vie.


Bonne semaine !

Et vous ? que pouvez-vous faire dans votre entreprise ?


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A la semaine prochaine

Environnementalement Vôtre

Véronique

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