
Newsletter n° 2025 - semaine 50 du samedi 13 Décembre
10 leçons à appliquer pour enrayer le coût de l'inaction si on est une TPE ou une PME
Face aux constats économiques du coût de l'inaction climatique, environnementale et sociale, les très petites, petites et moyennes entreprises (TPE-PME) se trouvent à un carrefour stratégique. Loin d'être de simples spectateurs d'une transformation qui ne concernerait que les grands groupes, elles sont directement exposées aux conséquences de l'inaction — et disposent simultanément d'avantages décisifs pour agir rapidement. Les leçons tirées de l'analyse de cette inaction constituent autant d'opportunités à saisir pour transformer les contraintes en leviers de compétitivité durable.
NB : vous l’aurez compris, si vous êtes déjà un spécialiste de la RSE ou une grande entreprise, cet article n’est pas pour vous. Cet article est destiné aux ME (microentrepreneur effectif de moins de 10 personnes) et aux TPE/PME (effectif de moins de 250 personnes), concernées par la VSME (Norme Volontaire de rapport durable pour les TPE et PME).
Mais, cela peut servir de source d’inspiration, je l'espère ! Je vous laisse juge.
Voyons :
Première leçon : L'inaction n'est plus une option économiquement viable
Deuxième leçon : Les risques s'accumulent et se renforcent mutuellement
Troisième leçon : La dépendance aux grandes entreprises impose l'adaptation
Quatrième leçon : L'action précoce génère des avantages compétitifs durables
Cinquième leçon : La transition n'exige pas des investissements massifs initiaux
Sixième leçon : La résilience devient un facteur de survie
Septième leçon : L'anticipation réglementaire évite les transformations brutales
Huitième leçon : La sobriété n'est pas une contrainte, mais un modèle économique solide
Neuvième leçon : La transparence et la mesure créent de la valeur
Dixième leçon : La collaboration amplifie l'impact et réduit les coûts
L'urgence d'agir pour transformer la contrainte en opportunité
La première leçon fondamentale pour les TPE-PME réside dans la prise de conscience que ne rien faire est devenu une décision économique à haut risque. Contrairement à la perception répandue selon laquelle la transition écologique et sociale représenterait un coût prohibitif, l'inaction génère des pertes financières silencieuses, progressives et cumulatives qui menacent directement la pérennité des entreprises de plus petite taille.
Pour une PME industrielle, les surcoûts énergétiques non maîtrisés atteignent 10% à 30% par an en raison de dérives non mesurées telles que les fuites, les mauvais réglages ou les surdimensionnements d'installations. Sur cinq ans, ces surcoûts peuvent représenter entre 25 000 et 120 000 euros selon les postes (air comprimé, froid industriel, chauffage de process). Ces montants dépassent fréquemment les investissements annuels de modernisation de ces entreprises.
Plus grave, 54% des entreprises ont déjà perdu des parts de marché en raison de leur inaction en matière Environnemantale, Sociale ou de Gouvernance.
Les grilles d'évaluation ESG représentent désormais 10% à 30% du score final dans les appels d'offres.
L'inaction ne se traduit donc pas uniquement par des coûts directs, mais également par des coûts d'opportunité considérables : contrats perdus, financements refusés, talents non recrutés
Les TPE-PME doivent comprendre que les risques liés à l'inaction ne sont pas isolés, mais s'accumulent et se renforcent dans une logique systémique. Selon une étude Goodwill Management portant sur 300 TPE-PME françaises, 82% des entreprises interrogées pensent être un jour affectées par le changement climatique, mais 54% ne s'estiment pas prêtes à en affronter les effets.
Les risques de transition — évolutions réglementaires, augmentation de la fiscalité carbone, modification des attentes clients — représentent la principale source d'inquiétude : près de trois quarts des entreprises interrogées s'attendent à des évolutions des contraintes réglementaires.
Une sur deux anticipe des impacts sur ses approvisionnements (coûts, délais, ruptures dues à des fournisseurs trop affectés).
À ces risques de transition s'ajoutent les risques physiques déjà tangibles. Plus de 910 000 TPE-PME étaient exposées aux vagues de chaleur au moins 50 jours par an en 2020 ; elles seront 3,9 millions en 2050, soit quatre fois plus. L'augmentation des températures et les épisodes de chaleur causent des pertes de productivité, voire de production, tandis que les sécheresses menacent l'accès à l'eau nécessaire aux activités industrielles et artisanales.
Les risques réputationnels et commerciaux complètent ce tableau : 44% des entreprises ont déjà subi un préjudice d'image lié à leur absence d'engagement durable, tandis que 27% ont fait face à des sanctions réglementaires (amendes, restrictions d'accès au marché, retraits d'autorisations). Dans un contexte de transparence radicale et de réseaux sociaux, la réputation d'une entreprise peut être ébranlée en quelques heures.
Pour les TPE-PME françaises, une leçon cruciale réside dans leur positionnement au sein des chaînes de valeur. Les grandes entreprises, soumises à des obligations croissantes en matière de durabilité (CSRD, SFDR, taxonomie européenne), répercutent ces exigences sur leurs sous-traitants et fournisseurs.
Ces grandes entreprises demandent désormais à leurs sous-traitants de respecter certaines obligations RSE, intégrant ainsi les TPE-PME dans une chaîne de valeur définie par des critères stricts. Une PME qui n'anticipe pas ces exigences risque tout simplement de ne plus être invitée à déposer un dossier dans les appels d'offres. Ce risque d'exclusion silencieuse représente un danger bien supérieur à la simple perte d'un contrat identifié.
Les TPE-PME franciliennes, par exemple, sont confrontées à des demandes ciblées de certaines parties prenantes concernant leur gestion des impacts climatiques. Pour remplir leurs obligations, les grandes entreprises sont amenées à questionner leurs fournisseurs sur la manière dont ils tiennent compte des impacts du changement climatique dans leur stratégie et leurs opérations.
Cette réalité impose aux TPE-PME une adaptation rapide. Elles doivent mesurer leur exposition climatique et financière avec précision avant même d'investir dans des solutions d'adaptation. Le diagnostic de vulnérabilité constitue une première marche incontournable dans le parcours d'adaptation.
À rebours de l'inaction, les TPE-PME qui s'engagent précocement dans la transition écologique et sociale bénéficient d'avantages compétitifs considérables qui renforcent leur position sur le marché. Loin d'être une contrainte, la RSE représente un véritable levier de compétitivité pour les PME.
L'amélioration de l'image de marque et de la réputation constitue le premier avantage. Les entreprises éco-responsables sont perçues comme innovantes, et dans le cadre d'un appel d'offres, à prestations et prix équivalents, l'engagement éco-responsable devient un critère discriminant.
Pour les petites entreprises, la RSE permet de se différencier sur le marché en répondant aux attentes croissantes des consommateurs, investisseurs et partenaires.
La réduction des coûts opérationnels représente un second bénéfice tangible. Adopter des pratiques responsables entraîne une baisse des déchets, une meilleure gestion des ressources et une diminution des dépenses énergétiques. Les TPE engagées dans l'opération nationale « TPE & PME gagnantes sur tous les coûts » réalisent en moyenne 2 000 à 5 000 euros d'économies par an avec un retour sur investissement rapide de moins de 12 mois.
L'accès facilité aux financements constitue un troisième levier stratégique. Les entreprises ayant un score ESG élevé dans le S&P 500 (indice boursier créé en 1957 par l'agence Standard & Poor's) bénéficient d'un accès à des taux de financement 50 à 100 points de base inférieurs à leurs concurrentes. Pour les PME, cette démarche ouvre la porte aux fonds durables, aux obligations vertes et à des conditions d'assurance plus avantageuses.
L'attractivité employeur et la fidélisation des talents représentent un quatrième avantage non négligeable. Les entreprises engagées dans une démarche ESG affichent une meilleure productivité et un engagement accru du personnel. Dans un contexte de tensions sur le marché de l'emploi, notamment dans les secteurs industriels (textile, plasturgie, métallurgie), cet atout devient décisif pour recruter et retenir les compétences.
Une idée reçue bloque encore de nombreuses TPE-PME : la transition écologique nécessiterait des investissements massifs inaccessibles aux petites structures. La réalité démontre le contraire. La transition peut être engagée par des actions simples, rapides et financièrement accessibles, qui génèrent des résultats à court et moyen terme.
Pour une TPE, des actions concrètes permettent d'initier la démarche avec des budgets modestes. La politique voyage, par exemple, constitue un levier simple mais efficace : favoriser le train, choisir des lieux accessibles par rail pour les événements d'entreprise, proposer des jours de congés dédiés au voyage responsable. Le regroupement des rendez-vous permet de réduire les kilomètres parcourus, tandis que la visioconférence et le télétravail évitent les déplacements inutiles
Sur le plan environnemental, privilégier les fournisseurs locaux et responsables réduit l'empreinte carbone tout en soutenant le développement local.
Mutualiser les commandes avec d'autres artisans du quartier génère des économies sur les frais de transport. Adapter les horaires de réception permet d'optimiser les livraisons et les stocks.
Les TPE-PME doivent intégrer le fait que la résilience climatique n'est plus une option, mais un enjeu de pérennité. Pour les entreprises, l'adaptation au changement climatique constitue un enjeu de résilience et de continuité d'activité face aux aléas croissants.
Le coût de l'inaction est bien supérieur aux investissements préventifs. Les diagnostics de vulnérabilité constituent, dans ce cadre, la première marche indispensable pour identifier les risques physiques auxquels l'entreprise est exposée et élaborer un plan d'adaptation.
L'ADEME recommande un parcours d'adaptation complet comportant les étapes de diagnostic, de stratégie et de suivi-évaluation, car c'est le seul à permettre d'intégrer les risques climatiques sur le long terme et à conduire l'entreprise à construire une véritable stratégie de résilience. Ce parcours permet de transformer les défis climatiques en opportunités en créant de la valeur durable et un avantage concurrentiel.
Les TPE-PME qui anticipent dès maintenant les évolutions réglementaires évitent d'opérer des transformations radicales longues et coûteuses qui pourraient fragiliser l'entreprise lorsque les obligations s'étendront.
Pour les TPE-PME, intégrer dès maintenant ces pratiques permet de se préparer progressivement, sans subir la pression d'une mise en conformité brutale. Cette anticipation évite également le risque de se retrouver rapidement dépassé dans un contexte où les grandes entreprises, soumises à ces obligations, les répercutent sur leurs sous-traitants.
Les TPE-PME doivent redécouvrir la sobriété non comme une privation, mais comme un modèle économique solide qui réduit la dépendance aux ressources volatiles, améliore les marges et renforce la compétitivité à long terme. Dans un contexte d'augmentation prévisible du prix du carbone de 30% à 80% entre 2025 et 2030, de raréfaction des ressources et de volatilité énergétique, la sobriété devient une stratégie de résilience économique.
Chaque kilo de matière perdu représente une triple perte : matière achetée, énergie consommée pour la transformer, carbone émis pour rien. Une PME industrielle qui réduit ses rebuts améliore simultanément sa performance environnementale et sa rentabilité. Les projections indiquent que les entreprises qui n'agissent pas subiront des surcoûts fournisseurs pour les matières énergivores, des transports longue distance et des prestations énergétiques non optimisées.
La mise en œuvre de la sobriété passe par des actions concrètes : optimisation des flux de matières premières, réparation et allongement de la durée de vie du matériel plutôt que remplacement systématique, recyclage des composants usagés en partenariat avec des structures spécialisées. Ces pratiques, loin de pénaliser la compétitivité, la renforcent en réduisant les coûts structurels
Une leçon essentielle pour les TPE-PME consiste à comprendre que ce qui se mesure se gère, et ce qui se gère s'améliore. La transparence et la mesure des impacts environnementaux, sociaux et de gouvernance ne constituent pas une charge administrative, mais un outil de pilotage stratégique qui crée de la valeur.
Réaliser un état des lieux rapide permet de cibler les priorités et d'identifier les actions les plus adaptées au secteur et aux moyens de l'entreprise.
Une fois l'état des lieux réalisé, la mise en place d'indicateurs de suivi permet de mesurer les progrès et de valoriser les résultats. Ces indicateurs transforment l'engagement RSE en données tangibles qui renforcent la crédibilité de l'entreprise auprès des clients, des financeurs et des talents.
Les TPE-PME isolées font face à des difficultés considérables pour engager la transition : manque de ressources financières et humaines, méconnaissance des subventions existantes, absence d'expertise. Selon une étude publiée sur lelab.bpifrance.fr, les deux tiers des PME françaises attendent un appui de l'État et des ministères pour (ré)agir.
La collaboration entre entreprises, avec les acteurs publics et les structures d'accompagnement, représente une réponse efficace à ces freins. Parmi les 300 TPE-PME interrogées par Goodwill Management, 54% ont déjà mis en place des actions d'adaptation, incluant la collaboration avec d'autres structures, la diversification des fournisseurs et la mise en place de mesures de prévention des risques.
La mutualisation des commandes avec d'autres artisans du quartier via des plateformes de groupements d'achats responsables génère des économies sur les frais de transport.
Les leçons de l'inaction pour les TPE-PME convergent vers une conclusion stratégique claire : anticiper est économiquement plus rationnel que subir. Les entreprises qui attendent que la contrainte devienne insupportable accumulent des passifs invisibles (pertes d'efficacité, surcoûts cachés, opportunités manquées) tout en se privant des avantages compétitifs accessibles aux précurseurs.
La Banque de France rappelle que la transition climatique est porteuse de risques, et à cet égard, l'inaction aurait un coût écologique mais aussi économique nettement plus élevé. Pour les TPE-PME, ce constat doit se traduire en actions concrètes, progressives et proportionnées à leurs moyens.
L'enjeu n'est pas de réaliser immédiatement une transformation complète, mais d'enclencher une dynamique : sensibiliser les équipes, mesurer les impacts, identifier les premières actions à gains rapides, structurer progressivement la démarche. Chaque pas franchi réduit la vulnérabilité, améliore la performance et renforce la position concurrentielle.
Les TPE-PME qui saisissent ces leçons transforment la contrainte en opportunité. Elles construisent des modèles économiques plus solides, moins dépendants de ressources volatiles, mieux ancrés dans leurs territoires, plus attractifs pour les talents et les clients. Elles anticipent les évolutions réglementaires au lieu de les subir. Elles renforcent leur résilience face aux crises. Elles créent de la valeur durable pour leurs parties prenantes.
L'inaction a un coût.
Pour les TPE-PME, le choix stratégique ne réside plus dans le « si », mais dans le « quand » et le « comment ».
Et dans ce contexte, chaque jour d'attente alourdit la facture et réduit les marges de manœuvre.
Anticiper, mesurer, agir : telles sont les actions pour bâtir la compétitivité future.
à bientôt dans un prochain post : pour en savoir plus, continuer à se former, échanger les bonnes pratiques et changer nos habitudes.
Transition écologique signifie avant tout Transformation des modes de vie.
Bonne semaine !
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