Newsletter n° 2025 - semaine 47 du samedi 22 Novembre

Les assureurs et le changement climatique

Le secteur de l'assurance tire aujourd'hui la sonnette d'alarme. Le changement climatique n'est plus une projection lointaine, mais une réalité économique qui bouleverse les équilibres financiers et menace la pérennité du modèle assurantiel français. Pour les entrepreneurs de TPE et PME, comprendre ces transformations et anticiper leurs conséquences constitue désormais un impératif stratégique de survie.

NB : vous l’aurez compris, si vous êtes déjà un spécialiste de la RSE ou une grande entreprise, cet article n’est pas pour vous. Cet article est destiné aux ME (microentrepreneur effectif de moins de 10 personnes) et aux TPE/PME (effectif de moins de 250 personnes), concernées par la VSME (Norme Volontaire de rapport durable pour les TPE et PME).

Mais, cela peut servir de source d’inspiration, je l'espère ! Je vous laisse juge.

Voyons :

  • Que sont les gaz à effet de serre ?

  • L’accumulation mondiale des gaz à effet de serre

  • Les émissions de GES aujourd'hui (Monde, Europe, France)

  • Les objectifs de l'Europe

  • Les secteurs d'activité qui représenteront la plus grande part des réductions de GES d’ici 2035

L'état d'alerte des assureurs : un constat sans appel

Les chiffres publiés par les assureurs français révèlent une accélération brutale de la sinistralité climatique.

  • Entre 1982 et 1989, les catastrophes naturelles coûtaient en moyenne 1,5 milliard d'euros par an aux assureurs.

  • Entre 2020 et 2023, ce montant a quadruplé pour atteindre 6 milliards d'euros annuels.

  • L'année 2023 s'est distinguée comme la troisième année la plus coûteuse jamais enregistrée, avec 6,5 milliards d'euros d'indemnisations.

Cette explosion des coûts s'explique par la multiplication et l'intensification des événements climatiques extrêmes. La France a connu en 2022 une année record pour les dommages liés à la grêle, avec plus de 5 milliards d'euros de sinistres, dont 3,3 milliards pour les seuls bâtiments. Les tempêtes, les inondations et surtout le retrait-gonflement des sols argileux pèsent de plus en plus lourd dans la balance. Ce dernier phénomène, lié aux épisodes de sécheresse suivis de réhydratation, est passé de 650 millions d'euros en 2016 à plus de 3 milliards en 2022, et pourrait dépasser le milliard d'euros annuel de façon récurrente.

Les projections futures s'avèrent encore plus inquiétantes. La Caisse Centrale de Réassurance (CCR) anticipe une hausse de 40% des dépenses d'ici 2050, pouvant atteindre 60% en intégrant la croissance démographique. Selon France Assureurs, le montant des sinistres dus aux événements naturels pourrait doubler entre 2020 et 2050 par rapport à la période 1989-2019, passant de 73,4 milliards à 143 milliards d'euros. Plus préoccupant encore : entre 2020 et 2023, la sinistralité observée dépasse déjà de 18% les projections établies en 2021 pour l'horizon 2050.  

Le régime catastrophes naturelles est sous tension

Le régime d'indemnisation des catastrophes naturelles (Cat-Nat), créé en 1982, constitue un partenariat unique entre l'État et les assureurs privés. Fondé sur les principes de mutualisation et de solidarité nationale, ce dispositif protège l'ensemble des Français contre les catastrophes de grande ampleur. Or, ce système traverse une crise existentielle majeure. 

Le régime Cat-Nat affiche un déficit pour la neuvième année consécutive. Entre 2015 et 2020, ses réserves financières se sont effondrées de 40%, passant de 3,85 milliards à 2,67 milliards d'euros. Cette hémorragie financière menace directement l'équilibre du système et soulève la question de sa soutenabilité à moyen terme

Certains assureurs commencent à se désengager des zones les plus à risques.

Cette situation a des répercussions concrètes et immédiates sur le terrain. Certains assureurs commencent à se désengager des zones les plus à risques. Le cas emblématique de la commune des Sables d'Olonne, qui s'est retrouvée sans assurance pour ses dommages aux biens en 2024 faute d'offres acceptables, illustre l'émergence redoutée de "déserts assurantiels". Cette tendance menace particulièrement les petites entreprises situées dans les zones exposées, qui risquent de voir leurs primes d'assurance exploser ou leurs couvertures disparaître.  

Les recommandations du rapport gouvernemental

Face à cette urgence, le gouvernement a commandé une mission d'experts pour adapter le système assurantiel français. Remis en avril 2024, ce rapport formule 11 objectifs majeurs et 37 recommandations articulés autour de quatre axes stratégiques.

1er AXE

Le premier axe vise le rééquilibrage financier du régime Cat-Nat. Le rapport propose notamment un système de bonus-malus fiscal pour les assureurs, basé sur le niveau d'exposition aux aléas climatiques des zones assurées. Cette mesure permettrait d'éviter l'abandon des territoires les plus vulnérables tout en incitant les acteurs à investir dans la prévention.  

2ème AXE

Le deuxième axe concerne le renforcement massif de la prévention. Les experts insistent sur la nécessité d'accompagner les investissements dans la résilience des bâtiments et d'améliorer la connaissance des risques. Le rapport préconise notamment la consolidation de la cartographie des zones d'exposition aux principaux aléas naturels au niveau national, un chantier auquel contribuera le BRGM.  

3ème AXE

Le troisième axe porte sur le maintien d'un système protecteur et accessible. Le gouvernement souhaite étudier comment moduler la cotisation sur les primes Cat-Nat en fonction des aléas locaux, tout en créant un observatoire de l'assurance des risques climatiques pour renforcer la transparence.  

4ème AXE

Enfin, le quatrième axe appelle le secteur de l'assurance à renforcer ses efforts de décarbonation. Le rapport pointe le paradoxe suivant : les assureurs, victimes du dérèglement climatique, continuent d'assurer des projets d'expansion fossile qui aggravent le problème. Cette contradiction entre la souffrance financière subie et la contribution au problème crée une dissonance croissante.

La 8ᵉ cartographie des risques : le climat et le cyber en tête

La dernière cartographie prospective des risques de France Assureurs, publiée en 2025 et basée sur l'expertise de 232 spécialistes représentant 91% des placements des assureurs français, confirme que le dérèglement climatique rejoint désormais les cyberattaques sur la première marche du podium des risques.

Cette étude révèle que l'environnement devient toujours plus dangereux : 22 des 24 risques étudiés augmentent en sévérité ou en fréquence. Les assureurs constatent également que l'horizon des risques se raccourcit, avec les 10 premiers risques tous considérés comme des menaces de court terme. 

Au niveau mondial, la sinistralité climatique en 2024 a atteint 310 milliards de dollars de coût économique et 135 milliards de dollars de coût assurantiel, soit 38% de plus que la moyenne des dix dernières années. Pour la cinquième année consécutive, ce coût dépasse la barre des 100 milliards de dollars. 

Le dérèglement climatique s'affirme comme une menace systémique qui crée un effet domino sur près de 40% des autres risques. Cette interconnexion signifie qu'un événement climatique peut déclencher une cascade de perturbations économiques, sociales et opérationnelles

Les principaux aléas climatiques et leurs impacts économiques

Les analyses des assureurs permettent d'identifier les aléas climatiques les plus préoccupants pour les entreprises. Le retrait-gonflement des sols argileux (RGA) figure en tête de liste. Selon le ministère de la Transition écologique, 10,4 millions de maisons individuelles sont situées en zone d'exposition moyenne ou forte à ce phénomène. Les fondations des bâtiments subissent des mouvements différentiels qui provoquent des fissures structurelles, compromettant parfois la solidité même des constructions. 

Les épisodes de grêle représentent un autre risque majeur. L'année 2022 a battu tous les records avec 2,4 milliards d'euros de dommages sur les bâtiments et 1,6 milliard sur les véhicules. Les grêlons de grande taille détruisent les toitures, les panneaux solaires, les véhicules et les équipements extérieurs. Pour les professionnels, le coût moyen d'un sinistre grêle s'établit à 22 000 euros, contre 5 000 euros pour les particuliers.

Les inondations constituent un risque ancestral qui s'amplifie. En 2024, les inondations en Europe ont généré 10 milliards de dollars de coûts assurantiels, faisant de cette année la deuxième plus coûteuse jamais enregistrée pour ce type de péril. Les inondations provoquent des dégâts directs (destruction de stocks, d'équipements, de systèmes informatiques) et des conséquences indirectes majeures : arrêt d'activité, retards de livraison, pénalités contractuelles et perte de clients.  

Les vagues de chaleur et les sécheresses génèrent des impacts multiples. Canicule de 2003 a causé plus de 15 000 décès en France et 70 000 en Europe. Entre 2030 et 2050, l'Organisation Mondiale de la Santé estime que le changement climatique provoquera environ 250 000 décès supplémentaires par an dans le monde. Pour les entreprises, les fortes chaleurs affectent la productivité, augmentent les coûts de climatisation, perturbent les chaînes d'approvisionnement et imposent des aménagements d'horaires. 


à suivre ...

Ba

Nous verrons la semaine prochaine les six leçons à tirer de ces constats pour les TPE et PME.


à bientôt dans un prochain post : pour en savoir plus, continuer à se former, échanger les bonnes pratiques et changer nos habitudes.

Transition écologique signifie avant tout Transformation des modes de vie.

Bonne semaine !

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