
Newsletter n° 2025 - semaine 48 du samedi 29 Novembre
7 leçons pour les TPE et PME tirées des constats
des assureurs sur le changement climatique
Les analyses des assureurs révèlent une transformation profonde du paysage des risques. Le changement climatique n'est plus un enjeu environnemental lointain, mais une menace économique immédiate qui ébranle les fondations du système assurantiel et, par ricochet, de l'ensemble du tissu économique.
Pour les entrepreneurs de TPE et PME, le message est clair : l'adaptation n'est plus une option, mais une condition de survie. Les coûts de l'inaction dépasseront largement les investissements nécessaires à la prévention et à la résilience. Une entreprise qui subit un sinistre majeur sans préparation risque la faillite, tandis qu'une entreprise résiliente peut traverser la crise et en ressortir renforcée.
Alors, comment faire ?
NB : vous l’aurez compris, si vous êtes déjà un spécialiste de la RSE ou une grande entreprise, cet article n’est pas pour vous. Cet article est destiné aux ME (microentrepreneur effectif de moins de 10 personnes) et aux TPE/PME (effectif de moins de 250 personnes), concernées par la VSME (Norme Volontaire de rapport durable pour les TPE et PME).
Mais, cela peut servir de source d’inspiration, je l'espère ! Je vous laisse juge.
Voyons ces 7 apprentissages pour entrepreneurs débordés :
Les leçons pour les TPE et PME : de l'analyse à l'action
Première leçon : réaliser un diagnostic de vulnérabilité
Deuxième leçon : élaborer un plan de continuité d'activité
Troisième leçon : investir dans la résilience des bâtiments et des infrastructures
Quatrième leçon : repenser la chaîne de valeur et les dépendances
Cinquième leçon : saisir les opportunités de financement
Sixième leçon : anticiper les évolutions réglementaires
Septième leçon : développer une culture du risque et former les équipes
L'impréparation des entreprises s'explique en partie par une perception erronée du niveau de risque. Une étude BPI France révèle que :
57% des dirigeants de PME et ETI estiment que leur entreprise est faiblement exposée aux aléas climatiques aujourd'hui.
Seuls 24% considèrent que leurs activités sont vulnérables aux vagues de chaleur,
20% redoutent les sécheresses,
15% les inondations
et seulement 6% le retrait-gonflement des sols.
Cette sous-estimation contraste avec l'urgence perçue par d'autres acteurs. Fait révélateur :
68% des dirigeants de PME et ETI ne considèrent pas l'adaptation au changement climatique comme un sujet stratégique majeur
seuls 12% ont déjà défini une stratégie et des plans d'actions en matière d'adaptation.
Malgré tout, 11% seulement des PME et TPE intègrent le risque climatique dans leur stratégie de prévention des risques.
Cette situation expose les petites entreprises à des conséquences potentiellement catastrophiques. Une interruption d'activité prolongée peut fragiliser gravement une TPE ou PME qui dispose de marges financières limitées. Sans plan de continuité d'activité structuré, une catastrophe naturelle peut entraîner la faillite dans les mois qui suivent.
La première démarche indispensable consiste à évaluer précisément l'exposition de son entreprise aux différents aléas climatiques. Plusieurs outils gratuits ou subventionnés permettent aux TPE et PME de réaliser ce diagnostic.
"Climadiag Entreprise"
Météo-France propose "Climadiag Entreprise", un outil d'auto-diagnostic en ligne gratuit qui croise les informations relatives à l'activité de l'entreprise avec les données climatologiques sur l'évolution du climat dans les prochaines décennies. Cet outil permet d'évaluer l'impact du changement climatique sur différents secteurs économiques et sur un territoire donné.
"Diag Adaptation"
BPI France a développé le "Diag Adaptation", un accompagnement subventionné à 50% (reste à charge de 3 000 euros HT) qui permet d'étudier la vulnérabilité de l'entreprise aux horizons 2035 et 2055. Ce diagnostic, réalisé par un bureau d'études expert, comprend sept jours de prestation répartis sur trois à six mois.
ADEME
La méthodologie de diagnostic recommandée par l'ADEME se structure en plusieurs étapes. Elle commence par la définition du périmètre d'évaluation (sites, processus, chaîne d'approvisionnement). Elle se poursuit par l'évaluation de l'exposition aux aléas climatiques (probabilité d'occurrence de chaque événement sur le territoire), puis par l'analyse de la sensibilité de l'entreprise (ampleur des impacts potentiels). Le croisement de ces deux dimensions permet d'identifier les risques critiques qui nécessitent une action prioritaire.
Le Plan de Continuité d'Activité (PCA) constitue l'outil essentiel pour maintenir les activités critiques de l'entreprise lors d'une catastrophe. Ce dispositif regroupe les mesures anticipées permettant de continuer à fonctionner ou de rétablir rapidement l'activité après un incident majeur.
Un PCA efficace repose sur plusieurs piliers. Il identifie d'abord les activités essentielles et les processus critiques dont dépend la survie de l'entreprise. Il évalue ensuite les ressources nécessaires à leur maintien : personnel clé, équipements critiques, données vitales, fournisseurs stratégiques. Il définit des scénarios de crise réalistes et prévoit des solutions alternatives pour chaque fonction critique.
Concrètement, le PCA doit prévoir des mesures adaptées à chaque type de risque. En cas d'inondation, il peut inclure la mise en hauteur des équipements sensibles, la création de zones de stockage temporaires hors zone inondable, et l'organisation du télétravail. Face aux vagues de chaleur, il anticipe l'aménagement des horaires, la climatisation des espaces critiques et la protection des équipements sensibles. Pour les pannes de réseau, il prévoit des sources d'énergie de secours, des systèmes de sauvegarde autonomes et des sites de repli.
L'élaboration d'un PCA ne suffit pas : il faut le tester régulièrement par des exercices de simulation et le mettre à jour en fonction des retours d'expérience et de l'évolution des risques. Les entreprises qui disposent d'un PCA actualisé et testé se relèvent beaucoup plus rapidement après une catastrophe.
La protection physique des actifs constitue un investissement rentable à moyen terme. Les assureurs encouragent d'ailleurs cette démarche à travers leurs politiques de prévention, même si les primes restent encore peu sensibles aux mesures préventives.
Face au risque d'inondation, plusieurs stratégies de résilience existent.
La première consiste à "céder" : laisser l'eau rentrer dans un niveau où les dégâts seront minimaux, par exemple un rez-de-chaussée sans équipements sensibles avec des revêtements étanches.
La deuxième vise à "résister" en installant des batardeaux, des pompes de relevage et des systèmes d'alerte précoce.
La troisième privilégie l'"adaptation" en surélevant les équipements techniques, en créant des réserves d'eau et en installant des panneaux photovoltaïques pour l'autoconsommation.
Contre le retrait-gonflement des sols argileux, plusieurs mesures préventives s'avèrent efficaces.
La réalisation d'une étude géotechnique avant construction est désormais obligatoire dans les zones à aléa moyen ou fort.
Pour les bâtiments existants, la mise en place d'une protection périmétrique (trottoir ou géomembrane sur 1 à 1,5 mètre) permet de préserver l'humidité des sols.
La gestion de la végétation, l'installation d'écrans anti-racines et la vérification de l'étanchéité des réseaux contribuent également à stabiliser le sol.
Des solutions innovantes comme le projet MACH (MAison Confortée par Humidification) développé par Covéa et le Cerema permettent de récupérer l'eau de pluie pour la réinjecter en période de sécheresse.
Face au risque de grêle, les solutions passent par le choix de matériaux résistants pour les toitures, la protection des équipements extérieurs et l'installation de filets pare-grêle pour certaines activités exposées. La cartographie nationale d'exposition au risque grêle, récemment publiée, permet désormais d'évaluer précisément l'exposition de chaque site.
Les pouvoirs publics ont mis en place de nombreux dispositifs d'accompagnement et de financement pour soutenir l'adaptation des TPE et PME au changement climatique. Connaître ces aides et les mobiliser constitue un levier essentiel.
L'ADEME propose plusieurs dispositifs. Le programme "Tremplin pour la transition écologique" offre des aides forfaitaires pour des projets d'investissements ou d'études entre 5 000 et 200 000 euros, avec un processus simplifié. Le Fonds Chaleur, le Fonds Économie Circulaire et le Fonds Air Bois financent des projets spécifiques liés à l'efficacité énergétique et à la réduction des émissions.
Bpifrance propose des instruments financiers dédiés. Le Prêt Éco-Énergie (PEE) permet d'emprunter jusqu'à 500 000 euros pour améliorer l'efficacité énergétique. Le Prêt Vert s'adresse aux PME et ETI pour des investissements de transition écologique. Des garanties vertes de l'État facilitent l'accès au crédit bancaire pour les projets d'adaptation.
Le Fonds de Prévention des Risques Naturels Majeurs (Fonds Barnier) finance des diagnostics et des travaux de prévention pour les biens exposés. Depuis 2025, un dispositif expérimental d'aide à la prévention des désordres liés au retrait-gonflement des argiles a été mis en place, sous conditions de ressources, pour les propriétaires occupants.
Les certificats d'économies d'énergie (CEE) constituent un mécanisme de financement privé encadré qui permet de financer de nombreux chantiers d'efficacité énergétique. Les entreprises peuvent valoriser leurs investissements en économies d'énergie auprès des fournisseurs d'énergie obligés.
Au-delà des subventions, les banques et les assureurs développent progressivement des incitations pour les entreprises qui investissent dans la résilience. La transparence sur les mesures de prévention adoptées peut influencer favorablement les conditions d'assurance et de financement bancaire.
Le cadre réglementaire de l'adaptation climatique se renforce progressivement. Les TPE et PME doivent anticiper ces évolutions pour transformer la contrainte en opportunité.
La Loi Climat et Résilience de 2021 a introduit de nouvelles obligations en matière de construction et de rénovation. Les Plans de Prévention des Risques Naturels (PPRN) définissent des règles d'urbanisme strictes dans les zones exposées. Les entreprises qui projettent des constructions ou extensions doivent intégrer ces contraintes dès la conception.
La directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) impose aux grandes entreprises de publier des informations sur la façon dont elles prennent en compte les objectifs climatiques, y compris dans leur chaîne de valeur. Cette obligation crée une pression indirecte sur les PME de la chaîne de valeur, qui doivent progressivement documenter leur exposition aux risques climatiques et leurs mesures d'adaptation.
Le troisième Plan National d'Adaptation au Changement Climatique (PNACC3), structurera l'action publique pour les années à venir. Les entreprises qui s'engagent dès maintenant dans une démarche d'adaptation bénéficieront d'un avantage d'anticipation quand de nouvelles réglementations ou incitations entreront en vigueur.
L'adaptation au changement climatique ne peut réussir sans l'engagement de l'ensemble des collaborateurs. La sensibilisation et la formation constituent donc des leviers essentiels.
Cette culture du risque commence par la communication transparente sur les vulnérabilités identifiées et les enjeux pour l'entreprise. Les équipes doivent comprendre pourquoi certaines mesures sont mises en place et comment elles contribuent à la pérennité de l'activité. Des formations spécifiques aux gestes de prévention et aux procédures d'urgence permettent à chacun de savoir réagir en cas de crise.
L'association Assurance Prévention réalise des études, lance des campagnes d'information et mène des actions de sensibilisation dans les territoires pour diffuser cette culture du risque. Les entreprises peuvent s'appuyer sur ces ressources pour former leurs collaborateurs.
La désignation d'un référent adaptation au sein de l'entreprise, même dans une TPE, facilite le pilotage de la démarche et assure la mise à jour régulière du diagnostic et des plans d'action. Ce référent peut être formé aux méthodologies de diagnostic climatique pour gagner en autonomie.
Les analyses des assureurs révèlent une transformation profonde du paysage des risques. Le changement climatique n'est plus un enjeu environnemental lointain, mais une menace économique immédiate qui ébranle les fondations du système assurantiel et, par ricochet, de l'ensemble du tissu économique.
Pour les entrepreneurs de TPE et PME, le message est clair : l'adaptation n'est plus une option, mais une condition de survie. Les coûts de l'inaction dépasseront largement les investissements nécessaires à la prévention et à la résilience.
Une entreprise qui subit un sinistre majeur sans préparation risque la faillite, tandis qu'une entreprise résiliente peut traverser la crise et en ressortir renforcée.
L'adaptation au changement climatique représente aussi une opportunité stratégique. Les entreprises qui anticipent bénéficient d'un avantage concurrentiel face à leurs concurrents moins préparés. Elles sécurisent leur place dans les chaînes de valeur des grands donneurs d'ordre. Elles accèdent à des financements avantageux et à des conditions d'assurance optimisées. Elles développent de nouvelles compétences et de nouveaux services répondant aux besoins émergents d'un monde en transition.
Face à l'ampleur du défi, les pouvoirs publics, les assureurs, les banques et les acteurs de l'accompagnement mobilisent des moyens croissants pour soutenir les TPE et PME. Les outils de diagnostic, les méthodologies éprouvées, les dispositifs de financement et les réseaux d'expertise sont désormais accessibles. Il revient à chaque dirigeant de s'en saisir pour construire la résilience de son entreprise et assurer sa pérennité dans un climat qui se dérègle.
L'heure n'est plus à l'attente ni au déni. Les assureurs, en première ligne face aux conséquences du changement climatique, tirent la sonnette d'alarme et nous livrent un diagnostic sans appel. Aux entrepreneurs d'en tirer les leçons et de passer à l'action, avant que la prochaine catastrophe ne frappe à leur porte.
à bientôt dans un prochain post : pour en savoir plus, continuer à se former, échanger les bonnes pratiques et changer nos habitudes.
Transition écologique signifie avant tout Transformation des modes de vie.
Bonne semaine !
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