La News Letter du Samedi 11 Juin 2022

Eradiquer le plastique

Je vous ai déjà parlé du « no plastic challenge » dans l'article de la semaine numéro 21 puisque cette quinzaine avait lieu, en parallèle, la semaine européenne du numérique responsable.

Le plastique est un problème crucial qui mérite au minimum un article un peu plus approfondi.

Cet article sera orienté ou rédigé selon l'angle « entreprise » puisque c'est à elles que je m'adresse dans ce blog.

Bien évidemment toutes les réflexions et tous les gestes sont à reprendre par les particuliers et citoyens et aussi consommateurs, clients de ces entreprises, que nous sommes tous.

Puisque c'est bien le particulier qui au bout du bout achète les biens produits par lesdites entreprises.

Vous ne voulez plus voir de plastique : la première règle est de ne plus en acheter, de ne plus vous en procurer.

Pour vous mettre en jambe, je vous propose 2 tests présentés sur le site de l'association « no plastic in mysea » qui organise ce challenge. https://noplasticinmysea.org/

Vous trouverez les liens d’accès aux 2 tests ici : https://www.rsepourtous.fr/noplasticchallenge


Voyons dans ce post :

  • Quelques chiffres pour mesurer l'étendue de la question
  • Pourquoi le plastique est-il aussi nocif ?
  • Comment faire bouger les choses

Rivière de plastiques au Guatémala, plastiques qui sont déversés dans les Océans. Cette rivière déverserait à elle seule 2% des plastiques qui s'accumulent dans les océans chaque année. La clôture que l'on aperçoit est le système mis en place (et encore en cours d'expérimentation) pour retenir et traiter ces plastiques. l'ONG "The Ocean Cleanup" a pour projet de traiter ainsi 1000 rivières dans le monde. https://www.ouest-france.fr/environnement/video-au-guatemala-une-cloture-pour-filtrer-le-plastique-rejete-dans-les-oceans-b75ca3ac-e60a-4c64-9ee9-96dc5b75fb3c

Quelques chiffres pour mesurer l'étendue de la question

La production de plastique

La production de plastique a explosé en 70 ans.

En 1950 l'industrie produisait 1,5 millions de tonnes de plastique par an .

En 2019, elle en produit 460 millions de tonnes.

Et les prévisions parlent d'un doublement de la production d'ici 2040 alors que tout le monde est parfaitement conscient de sa nocivité.

Doubler la production, ça veut dire 900 millions de tonnes et plus, et 2040 c'est demain.


La question à se poser au regard de ces chiffres, c'est : que devient ce plastique une fois produit ?


Que devient ce plastique une fois produit ?

Au total sur ces 70 années, plus de 9 milliards de tonnes de plastique ont été produites sur la Planète, dont près de 7 milliards sont transformés en déchets.

  • Seulement 9% de ces déchets ont été recyclés (source :OCDE)
  • 79% s'amoncellent sur les sites d'enfouissement ou se répand dans la nature sous forme de détritus, notamment dans les fleuves et les rivières, et à un certain moment la plupart de ces détritus finissent inéluctablement dans l'océan.
  • Les tendances annoncent la présence de 12 milliards de tonnes de plastique (on en a produit à ce jour 9 milliards) dans les centres d'enfouissement à l'horizon 2050.
  • Il est à noter que, contrairement à d'autres matériaux qui comme l'acier par exemple ou le bois va durer des décennies, la moitié des matières plastiques produites sont transformées en déchets en moins d'un an : ce sont les plastiques à usage unique, essentiellement les emballages.


  • En Europe, 30% du plastique est recyclé, mais la France est une mauvais élève avec un taux moyen de recyclage de 23%.
  • Les États-Unis se classent derrière l'Europe en matière de recyclage ainsi que la Chine (25%).

Il est à noter aussi, que selon l’OCDE, les produits plastiques représentent près de 3,5% des émissions de gaz à effet de serre contribuant au dérèglement climatique

Sources : ADEME et Ministère de l'environnement

Sources : National Geographic


Les matières plastiques prennent plus de 4 siècles pour se dégrader.

Il y a 4 siècles, c'est Louis XIII qui régnait en France après l’assassinat de son père Henri IV en 1610.

Les prévisions courent selon lesquelles les océans contiendront plus de déchets plastiques que de poisson d'ici 2050.

Pourquoi le plastique est-il aussi nocif ?

Le plastique a de très graves conséquences sur le monde vivant et sur la santé animale et humaine.

Tous les effets ne sont pas encore connus, ils font encore l'objet d'études.

Sans le savoir, les êtres humains absorbent chaque jour des particules de plastique :

  • en consommant de l'eau potable conservée dans des bouteilles en plastique ou pas d'ailleurs
  • en salant les aliments
  • en mangeant des produits de la mer
  • en prenant des médicaments
  • et même en respirant.

Il faut ajouter à cela que les plastiques ont une grande capacité à fixer les polluants extérieurs et deviennent des supports pour les espèces invasives comme certaines algues ou encore des microbes,qui voyagent et qui menacent les équilibres et la santé des écosystèmes.

Il est reconnu que les microplastiques et les nanoplastiques sont d'importants perturbateurs endocriniens et qu'ils agissent comme aimant pour les toxines environnementales, c'est à dire que de nombreuses substances toxiques s'accumulent à leur surface. Des indices montrent que ces particules pourraient être à l'origined’inflammations chroniques.


Selon une étude de l'université de Newcastle, un être humain ingérerait près de 5 g de particules de plastique chaque semaine soit l'équivalent d'une carte de crédit.


La biodiversité Marine est la première victime de ce plastique dans les océans car ils sont ingérés par beaucoup d'animaux qui les confondent avec leur nourriture.Toute la chaîne alimentaire est impactée du plancton au grand prédateur en passant par les oiseaux et quantité de mammifères marins (IFREMER – UNESCO).

Une étude publiée dans IForest montre que les arbres absorbent eux aussi les particules de plastique par les racines et les transportent vers leurs parties aériennes.


Autre nocivité du plastique : c'est son invisibilité

Sous l'effet du vent, des courants marins et des rayons du soleil, le plastique se fragmente en débris de plus en plus petits.

Dans certains cas, les fragments du plastique sont libérés directement en petits morceaux, par exemple :

L'usure des pneus : l'érosion des pneus libère près de 6 millions de tonnes de particules de plastique dans le monde, (source OPECST).

Le lavage des vêtements synthétiques libère 500 000 tonnes de microfibre par an dans l'océan soit l'équivalent de 50 milliards de bouteilles en plastique (source : fondation Ellen MacArthur)

Comment faire bouger les choses

Il va falloir, vous vous en doutez bien, abandonner le plastique et plus largement de tous les objets, y compris les vêtements, fabriqués à base de pétrole.

L’étape la plus facile, me semble-t-il, est de s'affranchir des emballages en plastique, qui représentent pas loin de 50% des déchets.

Le recyclage ne suffit pas. Il est nécessaire d'agir en amont et de ne pas utiliser (et donc ne plus produire) ces objets et biens en plastique.

Le consommateur, c'est nous, achètera les produits en vrac et apportera ses propres contenants, y compris dans les commerces de bouche comme le fromager ou le traiteur.

Si le magasin ne propose pas de produit en vrac, il (le consommateur) privilégiera les bocaux en verre ou les boîtes de conserve.

Et naturellement le plus possible, on fait la cuisine soi-même.

On notera que sont interdits :

  • les microbilles utilisées dans certains cosmétiques depuis le 1 janvier 2018
  • les gobelets, assiettes et cotons-tiges depuis le 1 janvier 2020
  • les confettis, pailles, touillettes, couverts, couvercles de boisson à emporter, pic à steaks, tige de ballon de baudruche, bouteilles d'eau dans la restauration scolaire, contenants de vente à emporter depuis le 1 janvier 2021
  • les sur-emballages des fruits et légumes de moins de 1,5 kilos, les sachets de thé, les jouets gratuits dans les fast-foods, les enveloppes plastiques des magazines depuis le 1 janvier 2022
  • la vaisselle jetable dans les fast-foods, qu'elle soit en plastiqueou en tout autre matièreà compter du 1 janvier 2023

Sont prévus par la loi d'ici 2025

  • Une réduction de 20% des emballages plastiques à usage unique, le reste devant pouvoir être réemployé ou réutilisé
  • Le recyclage à 100% des emballages en plastique à usage unique
  • La fin des emballages en plastique à usage unique inutiles, par exemple le triple emballage dans les paquets de gâteaux (et aussi les sur-sur-emballages des produits cosmétiques).

D'autres mesures sont prévues à horizon 2040 (qui, à mon humble avis, ne sont pas assez ambitieuses)

  • La disparition des bouteilles, bidon de lessive et autres sachets de salade
  • L'obligation pour le vendeur d'accepter les contenants apportés par les consommateurs,
  • Des bonus malus pour les entreprises de façon à limiter le suremballage
  • L'installation obligatoire de fontaines à eau dans les établissements recevant du public
  • L'interdiction de distribuer des bouteilles en plastique gratuitement dans les entreprises

Eradiquer le plastique au quotidien

L'exercice n'est en réalité pas très compliqué, mais demande au départ une rigueur folle.

Et personnellement, je ne suis pas fière du contenu de mes poubelles (mais je progresse) !

  • Bouteilles d’eau

Eliminer les bouteilles d'eau en plastique : recycler c'est bien, mais insuffisant car en poursuivant leur utilisation, on continue à diffuser microbilles et nanoparticules.

A terme (court terme) l'idéal est qu'il n'y est plus usage des bouteilles d'eau.

Cependant l'eau du robinet, dite potable, nécessite, à mon humble avis, de sévères corrections complémentaires. Des solutions existent, qui coûtent un peu cher, mais dont on ne peut pas vraiment s'exonérer. Il y en a plein : osmoseur, machinekangen qui nous vient du Japon, « eau vie » où l’eau est traitée par des rayons ultraviolets, et d'autres encore.

Il y a encore de gros progrès à faire dans ce domaine, c'est une question de santé publique importante.

NB : cela fera aussi du bien aux sources d'eaux minérales qu'on est en train d'épuiser et de maltraiter.

  • Alimentation

Le plus sûr moyen d'éviter les plastiques, sachets ou boîtes diverses est de ne plus fréquenter le supermarché.

Mais quand vous allez chez le commerçant ou au marché le samedi matin il faut aller plus vite que le commerçant lui-même et lui présenter vos contenants avant de commander sinon il a déjà dégainé ses boîtes ou ses sacs.

Évidemment pour traiter les déchets alimentaires, en dehors du plastique, il conviendra de composter mais ce n'est pas notre sujet du jour.

Enfin retrouvons le plaisir de cuisiner et éliminons les repas tout préparés et les fast-food, avec leurs additifs mauvais pour notre santé.

  • Autres produits

Les produits d'entretien et lessiviels, eux aussi mérite attention : une des solutions les plus efficaces est de fabriquer ses produits soi-même, de jouer au petit chimiste, ce qui évite d'avoir à jeter de gros bidons qui a 80% n'ont contenus de l'eau.


Ces réflexions et solutions sont valables à la maison mais aussi au bureau ou dans l'atelier. Les questions ne se posent pas de façon vraiment différentes.

On pourra bien sûr encore affiner : quand je regarde ce qui est posé sur mon bureau et que je cherche le plastique : je vois beaucoup trop de stylos, souvent des goodies et autres cadeaux publicitaires, de couvertures de cahiers si vous utilisez encore des cahiers pour prendre vos notes et je dois dire que, pour ma part, c'est à peu près tout.

  • A peu près tout ?

Il y a quand même un énorme bloc en plastique devant mes yeux, tellement énorme qu'il m’aveugle : mon ordinateur, unité centrale et écran et leurs accessoires, composés de beaucoup de plastique.

L'unité centrale contient en moyenne 3.5 kg de PVC, auquel on pourra ajouter les peintures et vernis.

Je n'oublie pas ma voiture : les plastiques représentent environ 20% du poids total du véhicule soit 300 kilos dans une voiture qui pèse 1500 kg.


Limiter les achats, faire durer les produits

On l'a compris : diminuons l'usage du plastique en commençant par ne plus utiliser un certain nombre d'objets comme on les a détaillés ci-dessus.

D'autres semblent moins impactants car on les réutilise et on ne les jette pas après quelques secondes d'utilisation comme l'automobile où l'ordinateur.

Alors comment limiter l'usage du plastique en attendant que les constructeurs trouvent d'autres solutions.

Commençons par limiter les achats et prolongeons la durée de vie de nos outils et de nos biens en général : c'est la fameuse règle des 3R ou des 5R dont on a déjà parlé.

  • Refuser ce dont on peut se passer
  • Réduire ce dont on a besoin
  • Réutiliser ce que l'on consomme
  • Recycler ce que l'on ne peut pas réutiliser et
  • Retourner à la terre ce qu'elle a donné

Je vous invite

> à lire, en complément de cet article, le fascicule de l'ademe : "le paradoxe du plastique en 10 questions"

> à parcourir le site de "no plastic in my sea"

et je me permets de le rappeler : faites leurs tests (lien en haut de ce post).

> Et puis on s'y met tous ensemble pour notre belle planète.

à bientôt dans un prochain post : pour en savoir plus, continuer à se former, échanger les bonnes pratiques et changer nos habitudes.


Bonne semaine !

Et vous ? que pouvez-vous faire dans votre entreprise ?


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A la semaine prochaine

Environnementalement Vôtre

Véronique

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